Le chant et les femmes en difficulté au Honduras

 
 

En 2008, je suis allée au Honduras — j’accompagnais un ami lors d’un voyage de travail; c’était un programme de cirque social avec le Cirque du Soleil. Pendant qu’il travaillait, je me suis trouvé une activité en tant que coach vocale. Alors, j’ai choisi de préparer des ateliers de chant et d’arts plastiques consacrés aux écoles primaires, mais pour les professeurs.

 

J’ai réussi à créer un groupe de huit ou neuf personnes, toutes des femmes. Je n’avais pas réalisé la situation de soumission dans laquelle les femmes de Choluteca vivaient au quotidien.

 

Aux ateliers, j’ai découvert que toutes ces femmes avaient faim de bien-être. La santé n’était pas au rendez-vous. Il y avait plusieurs cas d’obésité, une basse estime de soi, la tristesse aux yeux, de la difficulté à s’exprimer. Ce qui me préoccupait le plus est qu’elles étaient les formatrices de nombreux enfants. Malheureusement, elles semblaient habituées à mal vivre. La pauvreté, le machisme extrême, de mauvaises habitudes de vie étaient la normalité.

 

Lorsqu’on a commencé les séances de chant et de respiration, les effets positifs se sont fait voir très vite! Les femmes qui avaient une plus grande tendance à la timidité se sont ouvertes rapidement, à ma surprise! Comme si elles n’attendaient qu’une occasion pour faire entendre leur voix... Parfois, ça m’impressionne, que les gens oublient de respirer! J’ai observé qu’il n’était pas habituel pour ces femmes de prendre de grosses et profondes respirations.

 

J’ai noté des soulagements immédiats lors des respirations accompagnées d’étirements. Leur corps n’était pas habitué à bouger.

 

Des inspirations profondes et des voix qui s’exprimaient avec ouverture, des pleurs, des émotions refoulées qui trouvaient enfin leur échappatoire à travers les chants et les exercices. Beaucoup d’histoires exprimées. Très émouvant!

 

Nous avons fait sept séances remplies des mille et un partages intimes de leurs situations de vie. À la dernière, les femmes étaient très émues et me demandaient de rester là, à Choluteca. Elles ne voulaient pas perdre cet espace d’expression et que cette oasis de bienveillance disparaisse. J’ai été profondément bouleversée par ce constat. Je me sentais presque coupable de devoir quitter la ville.

 

Je me suis trouvée chanceuse de ne pas habiter dans un lieu avec autant de violence et de sécheresse d’âme. Mais j’étais heureuse de comprendre à quel point mes ateliers de chant avaient apporté quelque chose de positif à ces femmes.

 

Je leur ai proposé de continuer à se réunir pour chanter. Je ne sais pas si elles ont donné suite aux ateliers. À la dernière séance, quelques femmes pleuraient; ça m’a touchée au plus profond du cœur. D’une certaine manière, je me sentais responsable d’elles, de leur processus de guérison.

 

Je suis partie du Honduras avec un grand apprentissage. Le chant était capable de faire du bien à l’âme et au corps, de soulager des douleurs. Chanter a aidé ces femmes à reconnecter avec elles-mêmes. C’est à partir d’histoires comme celle-ci que la méthode Notre voix, notre essence a été bâtie, avec ce genre de briques comme fondations, avec ce type de rencontres.

 

Alors, mon slogan prend du sens :

 

Oui, chanter au quotidien, ça fait du bien!

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